SUD-Education Paris, 14 décembre 2002



LES FEMMES DE RAWA: CONTRE LA GUERRE ET LE FONDAMENTALISME!


Sud éducation Paris s'est associé à l'initiative du collectif " Femmes contre la guerre " pour inviter en France Sahar Saba ,représentante de RAWA, Association Révolutionnaire des Femmes Afghanes (www.rawa.org), qui depuis 1977, poursuit un travail capital pour la cause des femmes, ( écoles, soins médicaux, ateliers d'artisanat), et mène un combat courageux contre la guerre et le fondamentalisme. Le 12 Octobre, lors d'une réunion publique , puis le 23 dans nos locaux, lors d'une rencontre avec des enseignants, Sahar nous a présenté les actions et les objectifs de RAWA.

Il y a un an, alors que Georges Bush déclarait " Le drapeau américain flotte au dessus de l'ambassade à Kaboul et aujourd'hui les femmes afghanes sont libres ", deux cents femmes de RAWA manifestaient à Peshawar pour " refuser le retour au pouvoir des criminels de l'Alliance du Nord qui avaient détruit Kaboul, violé et maltraité leurs Sœurs. "

Cette révolte, Sahar nous l'a longuement expliquée, avec une émotion difficilement contenue : Les hommes qui revenaient au pouvoir avaient, en 1992, imposé à Kaboul la charia et le port du tchadri. C'est leurs troupes, qui, sous la direction du commandant Massoud, s'étaient livrés dans cette même ville, pendant quatre ans, au pillage au saccage et au viol. Les talibans et les fondamentalistes de l'Alliance du Nord partagent une idéologie commune : quels bienfaits le peuple afghan pourrait-il attendre des uns plutôt que des autres, ? Aujourd'hui hélas, les craintes de RAWA se sont vérifiées : la culture de l'opium est florissante, les luttes fratricides entre chefs tribaux maintiennent le pays dans une insécurité permanente qui aggrave encore la misère et la souffrance de la population. Quant au sort réservé aux femmes…

Elles continuent à porter la burka parce qu'elles ont peur. Certaines, qui l'avaient enlevée, ont eu le visage brûlé à l'acide.. Le 23 août dernier, le ministre de la justice a créé une " police de la vertu ", et la majorité des femmes actuellement détenues le sont pour " crimes d'honneur " ! Pour les femmes seules, leur survie, celle de leurs enfants est le fruit d'une dure lutte quotidienne pour éviter de tomber dans la mendicité ou la prostitution.

Lorsque l'on demande à Sahar ce que leur association a de révolutionnaire, elle explique que mettre sur les bancs d'une même classe des garçons et des filles (les écoles de RAWA sont mixtes), leur enseigner qu'ils sont égaux, et que la religion est une affaire privée, qui renvoie chacun à sa conscience, refuser les manuels formatés par les fondamentalistes, ( ce sont des manuels iraniens qui sont utilisés), c'est un acte révolutionnaire. D'ailleurs les barbus de tous poils ne s'y trompent pas : c'est bien parce qu'ils comprennent ce que ce projet a de révolutionnaire, qu ils insultent maltraitent et menacent les femmes de RAWA, et qu'en Afghanistan leurs écoles doivent rester clandestines.

A la rentrée 2001, certains syndicats ( FSU- FEP CFDT- SGEN- UNSA), et la Ligue de l'Enseignement organisaient une grande campagne " Afghanistan, libérez le savoir ", et collectaient 56 078 euros pour " faire valoir le droit fondamental à l'éducation pour tous ". Associé à cette initiative, le ministère de l'éducation nationale apportait quant à lui 53 000 euros. Nous espérons que ces syndicats et associations, si prompts à défendre en France le principe de laïcité, et à faire grève lorsqu'une élève se présente en classe avec le foulard sur la tête, se sont inquiétés du contenu de l'enseignement qui serait pratiqué dans les écoles qu'ils ont financées pour l'Alliance du Nord…

Le 5 novembre dernier, cinq parlementaires européennes (dont deux françaises : Marie Hélène Gillig et Geneviève Fraisse) ont dénoncé à Kaboul la " très faible évolution " des droits des femmes depuis la chute des Talibans. L'Union européenne doit revoir son aide à l'Afghanistan si la situation des femmes dans ce pays ne change pas, a estimé la Grecque Anna Karamanou, qui dirige le comité des droits de la femme au parlement européen. L'allemande Lissy Groener s'est dite horrifiée par l'attitude de certains hauts responsables, comme le ministre de l'intérieur Taj Mohamed Wardak, qui a indiqué " Ne voir aucun problème dans le traitement actuel des femmes. "

Dans notre pays même, la ghettoïsation des cités se manifeste par le retour en force d'une tradition machiste et patriarcales. Toutes les associations présentes sur le terrain constatent la dégradation flagrante et rapide de la situation des femmes de banlieue . Beaucoup de ces femmes se sont associées à la tournée de Sahar dans notre pays : en participant financièrement (sans le soutien des " grandes " organisations le collectif a pu réunir 6132 euros ! ), en assistant aux différentes rencontres et réunions, en s'investissant dans leur organisation. Pour elles, le combat de RAWA rejoint le leur. En tant que syndicat nous devons nous demander comment nous inscrire dans cette lutte autrement que par de belles déclarations d'intention. Lorsque Bushra, femme irakienne du collectif, déclare : " Je suis allée dans les associations féminines, mais j'ai compris que je n'avais rien à y faire. ", elle nous interpelle : c'est la grande réussite de ce collectif, d'avoir mobilisé bien au delà du petit cercle militant !

Un grand merci à Sahar Saba pour son courage tranquille et la force de sa détermination.




AFGHANISTAN, PALESTINE, TCHETCHENIE, IRAK…
LES PREMIERES VICTIMES DE LA GUERRE, SE SONT LES PEUPLES !

Après avoir " libéré " les femmes afghanes, la grande coalition des alliés contre le mal se propose de " libérer " le peuple irakien. Pour leur " bien ", on va leur imposer une guerre où beaucoup risquent de mourir ! Mais les références à une lutte pour la civilisation et la liberté cachent mal des intérêts stratégiques et économiques autrement importants. Comment la guerre à des fins de contrôle et d'exploitation pourrait-elle faire avancer les droits humains?

NON A LA GUERRE EN IRAK!
Une manifestation est prévue à Paris le 14 décembre





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